"Bonjour, madame.
Je me permets de vous écrire, parce que j’ai eu à plusieurs occasions, la possibilité d’observer votre petit garçon.
Si je ne cite pas son prénom, n’y voyez rien de mal, je vous prie, je suis dyslexique, et j’ai toujours beaucoup de mal, à me souvenir des prénoms, et des noms de qui que ce soit, et donc, de vous et de votre fils, tout autant.
Votre petit garçon ne parle pas.
Il y a plusieurs années, enfin, assez longtemps, j’avais peint un calligramme, qui disait, « hurle par ton silence ».
Si je vous dis que votre petit garçon cherche à vous dire quelque chose, quand il refuse de communiquer, j’ai parfaitement conscience du fait que je ne dois pas vous apprendre grand-chose.
Je sais par Julie, que vous avez des problèmes de couple, comme nous en traversons tous, des lors qu’on choisit de faire un bout de chemin avec un homme, quelque soit notre situation.
Elle ne m’a dit ça, que parce que je lui avais posé des questions, et rien de plus, elle est restée très évasive sur le sujet.
Je ne connais rien de votre situation, madame, et je me garderai bien de porter un jugement, ni sur vous, ni sur votre situation.
Les problèmes que nous traversons, nous, les femmes, quelle que soit notre couleur de peau, notre situation sociale, nos origines, ou notre niveau de vie, nous empêchent quelquefois d’observer les relations que nous avons avec nos enfants, et un regard extérieur quelquefois peut s’avérer être utile, pour simplement donner à réfléchir.
Oui, vous pensez je suppose, et je le comprends, que c’est plus difficile encore, quand on est sans logis, et sans papier ou en cas de précarité extrême, c’est plus difficile encore, et vous avez raison.
Malgré tout, vous devez savoir que d‘avoir de l’argent sur son compte en banque et un toit, sur sa tête, ne résout pas tout.
Ainsi, si l’on observe les violences conjugales, et les féminicides par exemple, il apparaît qu’elles sont présentes dans toutes les couches de la société, quel que soit le niveau social, et j’ose l’affirmer, quelque soit l’endroit ou le pays sur cette terre.
Mais revenons en à vous, et à votre petit garçon.
Le peu de fois, où je vous avais vue chez Julie, vous m’êtes apparue tellement occupée sur votre ordinateur, que votre petit garçon, ne vous semblait que comme une charge.
Je ne connais pas votre histoire.
Mais lui, quand il s’accroche comme il le fait à votre jambe, pour vous interpeller, et vous contraindre, à vous occuper de lui, il vous dit à quel point il est inquiet, et à quel point il a besoin d’être rassuré.
Si vous avez rompu avec son père, vous devez lui en parler, et lui en expliquer les raisons.
Si vous avez subi des violences physiques ou psychologiques qui auraient induit votre décision de séparation, (c’est une hypothèse), il est en age de l’entendre, et vous pouvez même vous permettre de commenter en lui expliquant que c’est interdit par la loi, et que ce que son père vous à fait, est grave, parce que C’EST INTERDIT….
Votre fils, si petit soit-il, peut entendre ça si c’est la vérité.
Ne lui mentez surtout pas, et si certaines choses que vous avez subies vous semblent trop graves, pour pouvoir le lui dire, restez évasive et n’entrez pas dans les détails, mais ne le laissez pas comme vous le faites dans l’ignorance, face à son inquiétude qui semble grande.
Ce petit souffre d’une grande insécurité, et elle est légitime.
Les enfants, y compris dès leur plus jeune age, voient toujours plus ou devinent des choses que ne le soupçonnent ses parents. Je le sais, parce que j’ai surpris à l’age de 5 ans, une scène de ménage, entre mon père et ma mère, il l'a trompée, et cette scene de menage m’a traumatisée à vie, alors je connais mon sujet.
Je ne veux pas dire, que c’est ce qui s’est produit, pour votre fils madame.
Je prétends juste, qu’il en sait assez sur votre histoire, pour être terriblement inquiet, ce qui justifie son mode de communication qu’est son silence, parce que ce silence qu’il vous impose est bien sensé vous dire quelque chose.
J’espère par les propos qui sont les miens, ne pas vous avoir blessée, madame, parce que ça n’est pas dans mon intention.
Je vois juste, un petit garçon qui n’a besoin que d’une chose, être rassuré sur l’amour que vous lui portez, et qui mérite de le lui être dit, parce que c’est ce qu’il attend de vous.