Françoise Niel Aubin, artiste.

Les internes en médecine en détresse à l'hôpital public, au point de pousser certains au suicide.

apifnielaubin Par Le 25/04/2021 à 08:06

(Je précise que j'ai lu l'article avant de le copier coller, pour le cas où certains en douteraient).

DETRESSE DES INTERNES : «On est passés de l’hôpital qui soigne à l’hôpital qui tue» !

Ces étudiants en médecine qui constituent la force vive des structures hospitalières publiques ont vu leur charge de travail et la pression de leur hiérarchie augmenter considérablement avec la crise sanitaire, au point de pousser certains au suicide.

par Maïlys Diogo

«A cause de la fatigue, j’ai déjà failli confondre deux patients pour administrer un anticoagulant», déclare Nejm, interne en deuxième année à Montpellier. Comme lui, de nombreux futurs médecins se plaignent des horaires à rallonge auxquels ils font face, et ce, d’autant plus depuis le début de la pandémie de Covid-19. «Le problème aujourd’hui, et même avant la crise, c’est que l’interne est devenu malléable et rempli tous les trous de l’hôpital», regrette Léo Sillion, vice-président de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni). Il constate que l’interne est une main-d’œuvre bon marché qui voit de nombreuses missions déportées sur lui.

@ «On aimerait de la reconnaissance»

Selon une étude de l’Isni parue en mai 2020, en moyenne et toute spécialité confondue, un interne en médecine travaille 58 heures par semaine. Ce nombre serait monté à 80 voire 100 heures hebdomadaires avec l’arrivée du Covid. Pourtant, selon un arrêté ministériel de 2002, actualisé en octobre 2020, la durée légale de travail effectif dans la fonction publique hospitalière ne peut dépasser 48 heures. Cela correspond d’ailleurs à la limite européenne. «A mon premier semestre, il m’est arrivé de travailler treize jours d’affilée de 8 h 30 le matin à 20 h 30 le soir», se rappelle Nejm.

Face à la fatigue chronique de ses co-internes, Léo Sillion insiste : «On n’est pas là pour faire péter l’hôpital public. Ce qu’on aimerait c’est de la reconnaissance et cela passe par le décompte et le paiement de nos heures.»

Tous s’accordent pour dire qu’ils se sentent laissés à l’abandon, et ce, en dépit de leur rôle indispensable alors même qu’en principe ils sont encore en formation. «En principe, on n’a rien le droit de prescrire ou de faire sans l’accord du chef de service. Pourtant, dans les faits, nous sommes le premier contact du patient, le premier soldat de la santé», se désole Olivia Fraigneau, présidente de l’association des jeunes médecins urgentistes. Elle déplore devoir accepter d’être sous payée car étudiante, alors même que sans la présence des internes, l’hôpital public s’écroulait. Avec l’arrivée du Covid-19, bon nombre se sont retrouvés à effectuer trois à quatre gardes par semaine, soit près de 90 heures sur le pont sans pouvoir se plaindre ni qu’on leur demande leur avis.

@ Crises d’angoisse et idées suicidaires

Par ailleurs, leurs études qui les ont habitués à un rythme effréné, les poussent à accepter une certaine réalité : souffrir pour devenir un bon médecin. Comme le dit amèrement Olivia : «Dans ce milieu, on nous fait croire qu’on est faibles si on dit qu’on est fatigués. Résultat, un interne se suicide tous les dix-huit jours [moyenne depuis le 1er janvier 2021 établie par l’Itni, ndlr].» Elle est heureuse d’avoir su s’arrêter un moment au début de l’année quand ses crises d’angoisse commençaient à se faire récurrentes.

Sur le plan psychologique, la plupart sont au plus bas. Morgan Caillault, président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des Internes de médecine générale (Isnar-IMG) dénonce l’omerta qui règne dans ce milieu. Il rappelle qu’en 2017, l’Isnar-IMG a révélé à l’occasion d’une étude conjointe sur la santé mentale des jeunes et futurs médecins que 66 % d’entre eux souffrent d’anxiété et que 23 % ont eu des idées suicidaires.

Interne de 25 ans dans le sud de la France, Marie dénonce le poids des responsabilités démesurées que l’on fait peser sur les internes et leur impact délétère. «On est deux internes la nuit sans chef de service pour près de 80 lits. Je me suis déjà retrouvée face à un patient en arrêt cardiaque sans savoir quoi faire. Il y a certains lendemains de garde où je suis rentrée en pleurs et il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre», explique la jeune femme.

@ Peu de soutien psychologique

«On a cinq internes qui se sont ôté la vie depuis le premier janvier, des gens à bout, usés par l’hôpital. On est passés de l’hôpital qui soigne à l’hôpital qui tue», constate Léo Sillion désabusé. Pourtant, ils peinent à faire porter leur voix auprès de leurs chefs de service car c’est aussi cette personne qui valide leurs stages.

De plus, peu de dispositifs de soutien psychologique leur sont destinés. Quasiment seul recours existant, les syndicats d’internes interrégionaux laissent leur ligne téléphonique ouverte pour les internes en détresse. En effet, pour l’heure, peu de cellules d’écoute sont mises en place par les hôpitaux. Si les langues ont commencé à se délier ces dernières années dans les hôpitaux, les internes craignent que ce phénomène ne soit freiné, voire stoppé par cette crise sanitaire de longue durée. Tous dénoncent le silence des hiérarchies qui se succèdent et de la législation qui, bien qu’incomplète, existe mais ne prévoit pas de sanctions. «Il faut rendre l’hôpital attractif à nouveau car pour l’instant il ne l’est plus», lâche Nejm.

Le 15 avril, trois syndicats d’internes ont été reçus par le ministre de la Santé, Olivier Véran, pour évoquer le manque d’élaboration par leurs chefs de tableaux de services, pourtant obligatoires depuis 2015. En effet, selon l’Isnar-IMG, 50 % des tableaux de service ne sont pas mis en place. «La réunion s’est conclue par une promesse d’une enquête nationale dirigée par le ministère de la Santé et l’inclusion de sanctions financières dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale», déclare Morgan Caillault.

https://www.liberation.fr/societe/sante/detresse-des-internes-on-est-passes-de-lhopital-qui-soigne-a-lhopital-qui-tue-20210421_T3YVMSIFPVCBXPSQZVWLDEVWF4/?utm_medium=Social&xtor=CS7-50-&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2JNN-9esfKYgxELkog6_WFEx63zwWEKkB9KNbnim58LnwKfKXsOyBC6d0#Echobox=1618989858

 Ce que j'en dis ? Je ne vos rien à rajouter.... Aucun étonnement de ma part.

 

internat, personnel hospitalier, hôpital,