Je doutais de la nécessité, d’écrire sur le sujet.
Et puis je me suis « ravisée ».
J’ai des doutes, soudainement, sur le fait que ce mot soit bien correct, à moins qu’il ne soit un peu trop connoté cauchois.
J’ai le sentiment que la notion de reconstruction, pourrait être perçue comme étant un chantier, qui ne serait destiné qu’aux âmes abimées, profondément, non, très profondément, par des traumatismes passés, je dirai même anciens, et très anciens, façon restauration des églises, ou autres édifices religieux, comme Notre dame, à moins qu’il ne s’agisse alors des musées ou autres édifices culturels, qui signaient telle civilisation, ou telle autre, et que des guerres récentes, ou actuelles, ont dévastées ou dévastent encore….
Enfin, je veux dire, que « reconstruction », évoque visuellement, et c’est un peu intentionnel, je le soupçonne, des casques de chantiers, « plâtre et ciment », en version chanson, de Jean Louis Aubert, ou en tout cas, loin des soieries et des convenances, on a le camionneur avec les manches retroussées, et du plâtre, plein le bleu de travail….
Il en est pourtant ainsi, que de travailler artistiquement, ressemble à un eternel chantier qui jamais ne cesse, et dont on ne voit jamais la fin…
La vraie question, serait de se demander si nous avons le choix, quand on est artiste, je veux dire…
On est là, comme des couillons, à prendre les infos, et à s’intéresser aux autres….
Soit on prend ce que l’on entend aux infos dans la poire, et on souffre, et plus encore, quand on est hyper sensibles soit on en fait quelque chose, au fil des ans, ainsi, on apprend à gérer.…
De toute évidence, non, nous n’avons pas le choix.
Juste, apprendre à se ménager, de telle sorte que juste quelques heures par jour, et pas plus, on reste maitre de ce que l’on subit, et on soigne son quotidien, pour ne pas sombrer et demeurer à l’écoute des plus proches, ou des autres plus largement.….
J’ai la chance personnellement, de ne pas trop mal me débrouiller, dans plusieurs disciplines artistiques, et tout le monde n’a pas cette chance.
Oui, j’ai bien dit, chance….
Quand on est jeune, on aperçoit quelques ouvertures, comme on dit vulgairement, par des maitres, des adultes, des parents, que sais je, qui font naitre l’espoir, qu’on aurait bien certaines choses, tout compte fait, à réaliser.
Ca n’est certes pas pour leur faire honneur, ou pour faire honneur à leurs mémoires, je pense à Robert Baddinter, qui vient de nous quitter, en premier lieu, qu’il convient alors de poursuivre ce chemin, mais bien d’abord pour être fidèle à ses convictions, que la souffrance des autres, est intimement liée à notre propre cheminement, et donc, à nos réalisations artistiques.…
Je veux dire, que soit on a conscience de l’autre, et donc, de ce qu’il ressent, et on agit selon les armes artistiques dont on dispose, et qu’on ait peaufinées, au fil des ans, soit on dit qu’on s’en fout, comme le font certains….
Mais on ne peut pas avoir, comme on dit usuellement, le cul entre deux chaises.
Ou bien alors, allez tester, pour un temps, seulement, un peu, le canapé !
Mais la question, que je me pose, ce matin sur le sujet, est la suivante.
En quoi, agir artistiquement, aide-t-il l’autre, davantage, « ou pas », à être concerné, par « la gestion de la cité », pour reprendre la définition originelle, du mot, « politique » ?
Alors, je suppose, que certains vont se dire, « mais enfin, on pars de la reconstruction, et nous voilà en politique ».
C’est que tout est politique, et que donc, la reconstruction, elle aussi, l’est tout autant….
Quand le vent de la dictature, souffle ainsi sur l’Europe, que risque-t-il d’advenir, des libertés d’expression, et donc, de la liberté de créer, dites moi ?
Que pensent aujourd’hui, les artistes russes, qui ont choisi de rester, et qui ne jouissent, d’aucune liberté de s’exprimer, relativement à la politique de poutine, alors qu’ils risquent de finir en prison, ou de finir assassinés ?
Et si le meilleurs moyen d’être efficace, artistiquement, c’était aussi d’agir en amont, pour veiller à ce que nos libertés jamais, ne soient mises en danger ?
Et le phénomène de mondialisation, qui frappe tout autant la culture, et depuis fort longtemps, mais qu’on observe que par la biais de l’intelligence artificielle, les artistes peuvent se retrouvés, spoliés de leurs droits, et de leur subsistance ?
Il y a quelques jours, j’entendais, que nous français, étions les champions, pour exporter, voir utiliser, la culture comme arme (sous entendu, de guerre)…
Excusez-moi…. Je me surprends, à prendre conscience que jamais, on a réussi à arrêter une guerre, à grand coup d’alexandrins, avec une absolue certitude que ce débat ait déjà eu lieu, au sujet des guerres précédentes…
Picasso, passait pour un con, avec son tableau Guernica, les décennies, qui ont suivi la seconde guerre mondiale.…
Ensuite, on a pris conscience, de ce qu’il voulait dire.
Le vrai problème, je crois, pour ce qui nous concerne nous artistes, réside dans le fait de devoir observer et reconnaitre notre impuissance, toute relative, devant la souffrance du monde, quelque soit sa nature, et que ce fait, à lui seul, doit nous remplir d’humilité.